SDS VD D 1 6-1
Les sources du droit suisse, XIXe partie : Les sources du droit du canton de Vaud, D. Répression de la sorcellerie en Pays de Vaud (XVe–XVIIe siècles), Tome 1 : le registre Ac 29 des ACV, par Pau Castell Granados, Gwendolin Ortega et Martine Ostorero
Citation : SDS VD D 1 6-1
Licence : CC BY-NC-SA
Extrait du procès de sorcellerie intenté contre Pierre Antoine, d’Estavayer
1449 novembre 3 – 4. Château d’Ouchy
Description de la source
- Cote : ACV, Ac 29, p. 104–119
- Date : 1449 novembre 3 – 4
- Support d’écriture : Papier
- Langue : latin
-
Édition
- Ostorero et al. 2007, p. 100–125
Littérature
- Reymond 1908p. 2–3, 5–6, 7, 10, 12
- Reymond 1917, p. 271–275
- Kieckhefer 1976, p. 129
- Blauert 1989, p. 63–66
- Ostorero 1995, p. 44, 81, 161, 207
- Ostorero 1999 et al., p. 311
- Ostorero 2005, p. 370
- Ostorero et al. 2007, p. 127–163
- Modestin/Ostorero 2008
- Pittet 2010, p. 202, 205–206
- Ostorero et al. 2011, p. 72
- Modestin 2017, p. 87–88
Commentaires
Les procès de Jaquet Durier (SDS-VD-D_1-2-1 : ACV, Ac 29, p. 5–28), de Catherine Quicquat (SDS VD D 1 3-1 : ACV, Ac 29, p. 29–43), de Pierre Munier (SDS VD D 1 4-1 : ACV, Ac 29, p. 44–55), de Pierre Chavaz (SDS VD D 1 5-1 : ACV, Ac 29, p. 56–71) et de Pierre Antoine (SDS VD D 1 6-1 : ACV, Ac 29, p. 104–119) ont été intentés entre 1448 et 1449. Ils sont les témoins d’une vaste chasse aux sorciers menée sur la Riviera lémanique et dans le Nord vaudois au milieu du XVe siècle.
L’extrait du procès de Pierre Antoine occupe les pages 104 à 119 du registre Ac 29. Il a été placé après les procès de Pierre dou Chanoz et Jaquette Pelorinaz, chronologiquement postérieurs, car il a été daté par erreur de 1459 par une main moderne. Le document a été consigné dans un cahier qui compte six folios, auquel on a ajouté un grand folio qui sert de couverture dorsale et qui contient aussi l’intitulé du document (p. 104). Les pages 114–119 sont restées blanches, mais la page 117 contient l’annotation « processus fidei ».
Le document est une copie des aveux livrés par Pierre Antoine le 3 et 4 novembre, extraite de son procès original, qui n’a pas été conservé. La copie est levée par les notaires Claude de Pont et [Antoine] Girod, qui authentifient l’exemplaire à l’aide de leur signet.
Texte édité
aCopia processus Petri AnthoniePersonne : ex originali sumpta
[p. 105]Saut de page [p. 106]Saut de page b–Causis heresisTerme : confessio Petri AnthoniePersonne : quam de verbo ad verbum lacius sermone particulatimLecture incertainec, ad scribendum ore suo proprio pronunciavit.Ajout en haut de page par main principale (A)–b3 novembre 1449
4 novembre 1449
Annotations
- Changement de main : main secondaire (C).↩
- Ajout en haut de page par main principale (A).↩
- Lecture incertaine.↩
- Changement de main : main principale (A).↩
- Suppression par biffage : j[udicibus].↩
- Corrigé de : Iam.↩
- Lacune dans le texte source (1 mot).↩
- Ajout au-dessus de la ligne.↩
- Corrigé de : sum.↩
- Correction par-dessus, remplace : Cui homini.↩
- Corrigé de : compensacionem.↩
- Corrigé de : es.↩
- Correction par-dessus, remplace : sunt.↩
- Corrigé de : quod.↩
- Ajout au-dessus de la ligne.↩
- Suppression par biffage : h.↩
- Suppression par biffage : sibi.↩
- Corrigé de : obviavit.↩
- Ajout au-dessus de la ligne.↩
- Correction par-dessus, remplace : [...].↩
- Correction à la hauteur de la ligne, remplace : Rupyt.↩
- Correction à la hauteur de la ligne, remplace : circa.↩
- Ajout dans la marge de gauche avec un signe d’insertion.↩
- Suppression par biffage : dyab[olus].↩
- Corrigé de : sermonem.↩
- Suppression par biffage : t.↩
- Corrigé de : abnegando.↩
- Corrigé de : .↩
- Corrigé de : sacramentum.↩
- Corrigé de : sermone.↩
- Corrigé de : illi.↩
- Corrigé de : castrati.↩
- Corrigé de : humane.↩
- Ajout dans la marge de gauche.↩
- Corrigé de : flammam.↩
- Correction par-dessus, remplace : s.↩
- Corrigé de : solutus.↩
- Omission, complété(e) par analogie.↩
- Corrigé de : ipsam.↩
- Suppression par biffage : so[lidos].↩
- Suppression par biffage : satisf.↩
- Correction par-dessus, remplace : d.↩
- Ajout au-dessus de la ligne.↩
- Correction à la hauteur de la ligne, remplace : sunt.↩
- Correction par-dessus, remplace : Petrus.↩
- Suppression par biffage : bn.↩
- Suppression par biffage : et.↩
- Suppression par biffage : l.↩
- Corrigé de : audax.↩
- Corrigé de : acceptavit.↩
- Correction par-dessus, remplace : us.↩
- Corrigé de : extincte.↩
- Ajout au-dessus de la ligne.↩
- Ajout au-dessus de la ligne.↩
- Correction par-dessus, remplace : Matles, matles.↩
- Suppression par biffage : h[abuit].↩
- Note dans la marge de gauche par main secondaire (B).↩
- Suppression par biffage : R.↩
- Correction par-dessus, remplace : Maudonaud.↩
- Corrigé de : mulier.↩
- Correction à la hauteur de la ligne, remplace : Vetybor.↩
- Ajout au-dessus de la ligne.↩
- Corrigé de : loco.↩
- Corrigé de : ut.↩
- Corrigé de : et.↩
- Corrigé de : loqueretur.↩
- Suppression par biffage : Q.↩
- Correction à la hauteur de la ligne, remplace : nostri.↩
- Changement de main : main secondaire (B).↩
- Suppression par biffage : inquiestis PetrusPersonne : .↩
- Correction par-dessus, remplace : e.↩
- Corrigé de : de illis.↩
- Ajout au-dessus de la ligne.↩
- Suppression par biffage : post.↩
- Corrigé de : diem.↩
- Correction par-dessus, remplace : n.↩
- Suppression par biffage : inter.↩
- Correction par-dessus, remplace : et.↩
- Correction à la hauteur de la ligne, remplace : red.↩
- Correction au-dessus de la ligne, remplace : cepit.↩
- Correction par-dessus, remplace : saporetem.↩
- Ajout dans la marge de gauche.↩
- Suppression par biffage : Appostilo.↩
- Corrigé de : pedibus.↩
- Note dans la marge de gauche par main secondaire (B).↩
- Corrigé de : Franquienia.↩
- Correction au-dessus de la ligne, remplace : dicens Riendo.↩
- Corrigé de : penitentes.↩
- Suppression par biffage : idem.↩
- Correction à la hauteur de la ligne, remplace : Lambelling.↩
- Ajout au-dessus de la ligne.↩
- Correction au-dessus de la ligne, remplace : dicendo.↩
- Corrigé de : apparent.↩
- Correction au-dessus de la ligne, remplace : agnoverunt.↩
- Corrigé de : extincte.↩
- Corrigé de : interim.↩
- Corrigé de : soluti.↩
- Suppression par biffage : s[olidi].↩
- Corrigé de : ecclesie.↩
- Correction à la hauteur de la ligne, remplace : Sequenti.↩
- Suppression par biffage : die.↩
- Suppression par biffage : q.↩
- Corrigé de : finxit.↩
- Suppression par biffage : cum.↩
- Suppression par biffage : complices.↩
- Suppression par biffage : homo.↩
- Note dans la marge de gauche par main secondaire (B).↩
- Correction par-dessus, remplace : duos.↩
- Suppression par biffage : mulier.↩
- Correction au-dessus de la ligne, remplace : Forneir.↩
- Ajout dans la marge de gauche avec un signe d’insertion.↩
- Correction à la hauteur de la ligne, remplace : sermoniz.↩
- Suppression par biffage : o[stiam].↩
- Omission, complété(e) par analogie.↩
- Ajout dans la marge de gauche.↩
- Correction par-dessus, remplace : nt.↩
- Corrigé de : calcerunt.↩
- Suppression par biffage : Forneier et Perre.↩
- Correction à la hauteur de la ligne, remplace : existen.↩
- Suppression par biffage : d[ixit].↩
- Corrigé de : reaccensis.↩
- Corrigé de : traditum.↩
- Ajout dans la marge de gauche.↩
- Changement de main : main principale (A).↩
- Note dans la marge de gauche par main secondaire (B).↩
- Corrigé de : Perrissona.↩
- Corrigé de : quidam.↩
- Suppression par biffage : retulit.↩
- Correction à la hauteur de la ligne, remplace : PetrusPersonne : .↩
- Corrigé de : ad locum.↩
- Corrigé de : premittitur.↩
- Le document a été daté par erreur de 1459 par une main moderne.↩
- Le château épiscopal d’OuchyLieu : est le lieu de conservation des archives de l’évêché (HS I/4, p. 57 ; Mottaz 1982 II, p. 385–386 ; DHBS V, p. 212–213 ; Modestin 1999a, p. 214).↩
- Il s’agit soit de Saint-Aubin-SaugesLieu : (NE), soit de Saint-AubinLieu : (FR).↩
- Dont-on lire « Petrus Jocet », syndic d’YverdonLieu : en 1442–1443Date : 01.01.1442 – 31.12.1443 et personnage important de la vie yverdonnoise ?↩
- Guillaume de BaulmesPersonne : , noble, conseiller de la ville d’YverdonOrganisation : , châtelain en 1447Date : 1447 puis syndic en 1470Date : 1470. À ne pas confondre avec Guillaume de BaulmesPersonne : , notaire et bourgeois d’YverdonOrganisation : .↩
- Peut-être le Bois des RâpesLieu : , grande forêt couvrant la partie occidentale du territoire de Belmont-sur-YverdonLieu : . Celle-ci est toutefois très éloignée de PayerneLieu : et de Chavannes-le-ChêneLieu : ; les toponymes « les Râpes » sont fréquents dans le Pays de VaudLieu : pour désigner des terrains buissonneux ou arborisés.↩
- Il existe un petit hameau nommé La RupeLieu : à proximité d’un ruisseau, entre DonneloyeLieu : et CronayLieu : (Jaccard 1978, p. 399).↩
- Lire « pollicis », orteil.↩
- Pour « desitere », désister, rénoncer.↩
- Sur ce mot, voir Ostorero et al. 1999, p. 290–291.↩
- En 1446Date : 1446, Jean BelvaletPersonne : reconnaît tenir une maison et plusieurs terres à BonvillarsLieu : en faveur de noble Georges de la MolièrePersonne : seigneur de FontLieu : , comme tuteur d’IsabellePersonne : , fille de feu Philippe de BonvillarsPersonne : et Jacques de BonvillarsPersonne : , seigneur du lieu (ACV, Fq 4, non folioté et ACV, Fq 6, fol. 48v–50v et 68–69). Il s’agit probablement d’un parent.↩
- Aymonet TissotetPersonne : a été condamné au bûcher en février 1448Date : février 1448, après une première accusation en 1441Date : 1441. Il est également dénoncé par Pierre ChavazPersonne : (ACV, Ac 29, p. 62).↩
- Jaquet MarrenaulPersonne : est également dénoncé par Pierre ChavazPersonne : (ACV, Ac 29, p. 59–60).↩
- Jean ApothélozPersonne : , également dénoncé par Pierre ChavazPersonne : (ACV, Ac 29, p. 62), décède avant 1452Date : 1452.↩
- Formulation étrange en raison du « de » : « femme dite de la meige » ; faut-il comprendre fille de la meige ou femme de la meije ? Il peut aussi s’agir d’un toponyme.↩
- Jean AnselPersonne : est également dénoncé par Pierre ChavazPersonne : (ACV, Ac 29, p. 62).↩
- On trouve un Jean TaverneyPersonne : comme co-percepteur avec Gérard RobinPersonne : de l’onguel, impôt indirect sur le débit du vin, pièce maîtresse des ressources yverdonnoises. La perception était toujours affermée à un ou deux riches bourgeois d’YverdonOrganisation : et rapportait, bon an mal an, une moyenne de 200 livresUnité monétaire : 200 livres (Déglon 1949, p. 244 et 315). La qualité de bourgeois n’est pas certaine pour la famille Taverney.↩
- Humbert RenaulPersonne : , riche marchand, bourgeois et syndic d’YverdonOrganisation : en 1448Date : 1448. Il survit aux dénonciations d’hérésie proférées contre lui tant par Pierre ChavazPersonne : que par Pierre AntoinePersonne : (ACV, Ac 29, p. 62).↩
- Famille bourgeoise d’YverdonOrganisation : ; en 1451Date : 1451, un de ses frères est soupçonné d’être atteint de lèpre.↩
- Pierre GachetPersonne : est interrogé lors de l’enquête menée suite à la révolte de la commune de PayerneLieu : face à son prieuré en 1420 (Wirz 1997, p. 75, 211).↩
- On trouve mention en 1453Date : 1453 d’AymonPersonne : et JacquesPersonne : , fils de Girardus de AlpibusPersonne : , notaire et bourgeois de LausanneOrganisation : (AVL, Chavanne, C 228, fol. 7v). À ne pas confondre avec Girardus de AlpibusPersonne : , dont le registre notarial est conservé (ACV, Dg 80/1). Pour d’autres mentions, voir Utz Tremp 2000, p. 751.↩
- En 1425Date : 1425, Jean YblozPersonne : hérite des biens de son père AymonetPersonne : et tient de noble Jean de ConstantinePersonne : , seigneur d’OrzensLieu : , une pose de terre à DonneloyeLieu : , pour un cens annuel de 3 sousUnité monétaire : 3 sols (ACV, C XX 362/3). En 1438Date : 1438, il assigne sur tous ses biens les 27 livresUnité monétaire : 27 livres reçues à titre de dot de sa femme AlexiaPersonne : (ACV, C XX 362/6). Il fait crédit à trois reprises à Nicolet l’EscuyerPersonne : et à son fils PierrePersonne : : 52 sousUnité monétaire : 52 sols en 1427Date : 1427, dont il reçoit 7 sousUnité monétaire : 7 sols en 1436Date : 1436 ; 23 sousUnité monétaire : 23 sols en 1433Date : 1433 pour l’achat de la moitié de deux vaches ; 43 sousUnité monétaire : 43 sols en 1444Date : 1444 pour l’achat de la moitié de deux boeufs (ACV, C XX 362/4, 362/5 et 362/7). Sa veuve acccorde un crédit de 8 florinsUnité monétaire : 8 florins à Antoine GillyPersonne : , clerc (ACV, C XX 362/9).↩
- La manicule désigne ici soit la scène d’anthropophagie soit les noms des complices.↩
- Sans doute à cause des onctions que le prêtre fait sur ces membres (Ostorero et al. 1999, p. 299 et Maier 1996, p. 153).↩
- Peut-être « Petro Ryolendo », à rattacher à Pierre RyondaPersonne : .↩
- Berthold BarbanPersonne : est également dénoncé par Pierre ChavazPersonne : (ACV, Ac 29, p. 58, 61).↩
- « Vel tunc », dans le sens de « vel circa ».↩
- Lieu difficilement identifiable (le champs du Maréchat ?).↩
- Bois de ChassagneLieu : , grande forêt qui s’étendait autrefois des CléesLieu : à ValeyresLieu : et de SergeyLieu : à La RussilleLieu : , sur les communes actuelles d’OrbeLieu : et des CléesLieu : (Mottaz 1982, I, p. 366–367).↩
- Pierre PaccotPersonne : est également dénoncé par Pierre ChavazPersonne : (ACV, Ac 29, p. 62).↩
- À identifier peut-être avec PerrettePersonne : de VuiteboeufLieu : , dénoncée par Pierre ChavazPersonne : (ACV, Ac 29, p. 62).↩
- Pierre MartinPersonne : est également dénoncé par Pierre ChavazPersonne : (ACV, Ac 29, p. 62).↩
- Une « Joliaz » de GrandsonLieu : est également dénoncée par Pierre ChavazPersonne : (ACV, Ac 29, p. 62).↩
- On trouve un Jacques de PierrePersonne : de GiezLieu : prieur de l’Ile Saint-PierreOrganisation : en 1418Date : 1418 et prieur de BevaixLieu : en 1426Date : 1426, qualifié de donzel de GrandsonLieu : en 1431Date : 1431. Il meurt avant 1455Date : 1455 (Clottu 1988, p. 45–52 ; ACV, Fq 5, fol. 8v).↩
- Sanction ecclésiastique personnelle qui consiste en la suspension des offices divins, des sacrements et des sacramentaux, ainsi que de la privation de sépulture. L’interdit recoupe un certain nombre des effets de l’excommunications (Naz 1936–1965, col. 615–628 et 1464–1475).↩
Résumé
Pierre Antoine, d’Estavayer, est jugé pour crime de sorcellerie au cours d’un procès qui se déroule aux mois d’octobre et novembre de 1449, instruit par l’inquisiteur dominicain Henri Chouvet et le chanoine de Lausanne Antoine Gappet, au château d’Ouchy. Le 3 novembre, l’accusé passe aux aveux et dénonce vingt-et-une personnes (17 hommes et 4 femmes), dont six déjà condamnées. Le lendemain, il poursuit ses aveux et dénonce sept personnes (4 hommes et 3 femmes). Ce même jour, Pierre Antoine demande à l’official de Lausanne Jean André que sa confession soit lue en présence de Léopard de Bosco, vicaire épiscopal, et Pierre de Crostel, procureur de la foi.